|
|
Gouvernance collaborative : enjeux, impacts et limites Appel à contributions
La gouvernance collaborative est devenue un enjeu essentiel de nos sociétés complexes. La multiplication des interactions public-privé, l’apparition de formes d’expertises toujours plus variées, le développement des compétences et des capacités des citoyens, des usagers, des consommateurs mais aussi des collaborateurs, ainsi que l’expression d’une diversité d’intérêts, de préférences et de valeurs, constituent désormais l’environnement quotidien dans lequel toute organisation s’oriente et se développe. Les défis face auxquels se trouvent ces organisations sont eux-aussi de plus en plus complexes. A la fois techniques et sociétaux, contraints par des problématiques de gestion du temps, de ressources et de connaissances, ils ne peuvent la plupart du temps être relevés par une seule organisation. Cet intérêt pour la gouvernance collaborative traduit le fait que les acteurs publics et privés - ou émanant de la société civile - engagés dans des actions conjointes et conscients de leur interdépendance, savent qu’il leur est nécessaire de collaborer. Dès lors la gouvernance collaborative est porteuse de nombreuses opportunités : traitement plus intégré et plus transversal de problématiques émergentes, renouvellement des formes de participation de la société civile et de la sphère entrepreneuriale, transformation des rapports de prescription entre acteurs locaux et acteurs publics, engagement sur les responsabilités sociales partagées, adoption de nouveaux modèles de gouvernance adaptés à des secteurs spécifiques, pratiques partenariales plus ouvertes et plus créatives, valorisation des compétences et des savoirs locaux etc. Cependant l’adhésion partagée à cette forme plus innovante et inclusive de gouvernance, qui permet aux organisations de relever conjointement des défis d’ampleur, de résoudre des problèmes, de porter des projets, de conduire des transformations ou d’expérimenter, peut aussi rencontrer des résistances. Si les enjeux de la gouvernance collaborative sont bien compris, elle n’est pas exempte pour autant de limites notamment dans sa mise en œuvre et l’évaluation de ses impacts. Le colloque sera l’occasion de valoriser une vision large de la gouvernance collaborative. En effet, des travaux de recherche se sont attachés à définir la gouvernance collaborative comme relevant de dispositifs conduits par des agences publiques et rassemblant des acteurs publics et privés engagés dans un processus décisionnel visant à dépasser les effets de l’adversité, de la concurrence et de l’unilatéralisme. La gouvernance collaborative n’est pas en effet qu’une simple consultation, dans la mesure où les parties prenantes qui en acceptent les règles du jeu s’engagent dans un processus décisionnel collectif, formel, orienté vers le consensus et délibératif ; processus rendu possible par la confiance ainsi que les responsabilités et les interprétations partagées (Ansell & Gash, 2007). Cependant d’autres travaux étendent quant eux la gouvernance collaborative aux collaborations interorganisationnelles et intersectorielles dont l’initiative et le pilotage ne sont pas nécessairement portés par le partenaire public lui-même : ils produisent alors des modèles reliant les conditions d’apparition de ces initiatives, les variables qui en garantissent le bon fonctionnement, les dynamiques et les impacts qui en découlent (Emerson & al., 2012). Les productions de recherche valorisent diverses perspectives qui en soulignent les dimensions stratégique (Ansell & al., 2020), participative, communicationnelle, territoriale ou inclusive (Johnston & al., 2011), et sont basés sur des champs d’investigation nombreux : aménagement du territoire, stratégie d’innovation, développement durable, développement local, schémas régionaux, politiques urbaines, gestion des communs, gestion d’événements culturels (Cabral & Krane, 2018), gouvernance des organisations hybrides, des clusters ou des parcs scientifiques, Economie Sociale et Solidaire, secteur du sanitaire et du social etc. D’autres travaux encore s’attachent à souligner les difficultés et les écueils auxquels la gouvernance collaborative fait face : tension collaboration / représentation (Benoît-Barné & Robichaud, 2021), risque d’inertie collaborative (Huxham & Vangen, 2000) etc. De nombreuses passerelles avec d’autres cadres théoriques et problématiques peuvent également être mises en valeur : Théorie de la valeur publique (Moore, 1997), gouvernance polycentrique (Ostrom, 1990), forums hybrides et démocratie dialogique (Callon & al., 2001), innovation territoriale (Divay, 2020), gouvernance participative des entreprises (Younes & al., 2016) etc. L’objectif de cet appel à contributions est d’enrichir cette littérature de nouveaux cas et de nouvelles perspectives de recherche sur la gouvernance collaborative. Sont attendues toutes contributions théoriques ou empiriques concourant à préciser et interroger les définitions, enrichir les modèles, étudier et proposer des outils de mise en œuvre ou d’évaluation et investir de nouveaux champs. A titre d’exemples, voici ci-dessous quelques questionnements (non limitatifs) : Dans quelles conditions la gouvernance collaborative contribue-t-elle à développer les capacités des acteurs locaux et des managers publics ? Pourquoi et comment les entreprises participent-elles à des dispositifs de gouvernance collaborative ? Quels types d’innovations institutionnelle, organisationnelle, sociale et territoriale la gouvernance collaborative favorise-t-elle ? Quels nouveaux équilibres et quels nouveaux rapports de pouvoir la gouvernance collaborative induit-elle? Quels sont les impacts de la gouvernance collaborative sur les comportements organisationnels ? Comment différents modèles de gouvernance coexistent-ils dans les systèmes complexes ? Etc.
Références bibliographiques : Ansell, C., Doberstein, C., Henderson, H., Siddiki, S., & ‘t Hart, P. (2020). Understanding inclusion in collaborative governance : A mixed methods approach. Policy and Society, 39(4), 570‑591. https://doi.org/10.1080/14494035.2020.1785726 Ansell, C., & Gash, A. (2007). Collaborative Governance in Theory and Practice. Journal of Public Administration Research and Theory, 18(4), 543‑571. https://doi.org/10.1093/jopart/mum032 Benoît-Barné, C., & Robichaud, D. (2021). Articuler collaboration et représentation en gouvernance collaborative : Une perspective communicationnelle. Communication et organisation, 59, 155‑167. https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.10130 Cabral, S., & Krane, D. (2018). Les festivals citoyens et la gouvernance collaborative: Revue Internationale des Sciences Administratives, Vol. 84(1), 191‑212. https://doi.org/10.3917/risa.841.0191 Callon, M., Lascoumes, P., & Barthe, Y. (2001). Agir dans un monde incertain : Essai sur la démocratie technique. Editions du Seuil. Divay, G. (2020). L’innovation territoriale : Manager en mode pilotage ou en logistique? Finance Contrôle Stratégie, NS-7. https://doi.org/10.4000/fcs.4065 Emerson, K., Nabatchi, T., & Balogh, S. (2012). An Integrative Framework for Collaborative Governance. Journal of Public Administration Research and Theory, 22(1), 1‑29. https://doi.org/10.1093/jopart/mur011 Huxham, C., & Vangen, S. (2000). Ambiguity, Complexity and Dynamics in the Membership of Collaboration. Human Relations, 53(6), 771‑806. https://doi.org/10.1177/0018726700536002 Johnston, E. W., Hicks, D., Nan, N., & Auer, J. C. (2011). Managing the Inclusion Process in Collaborative Governance. Journal of Public Administration Research and Theory, 21(4), 699‑721. https://doi.org/10.1093/jopart/muq045 Moore, M. H. (1997). Creating public value strategic management in government. Harvard University Press. Ostrom, E. (1990). Governing the Commons : The Evolution of Institutions for Collective Action (1re éd.). Cambridge University Press. https://doi.org/10.1017/CBO9780511807763 Younes, M., Hechiche Salah, L. & Touzani, M. (2016). Gouvernance participative et nouvelles pratiques managériales dans un contexte postrévolutionnaire : cas des entreprises sociales tunisiennes. Management & Avenir, 90, 175-194. https://doi.org/10.3917/mav.090.0175
Valorisation : Une sélection de contributions sera soumise au comité scientifique de la revue RIMHE
Texte complet de l'appel à contributions à télécharger ci dessous:
|
Personnes connectées : 2 | Vie privée |